La compagnie Speira, une démarche atypique.

Toute compagnie de spectacles vivants se doit de réfléchir à son identité artistique et à son projet et se doit, également, de tirer, de temps à autre, un bilan de son activité et de ses créations. Ceci nous amène, à constater certains éléments fondateurs de notre travail, qui nous conduisent, à être considérés comme « atypiques » et, en général, « hors des cadres classiques ».

 

Le texte : Notre spécificité est le travail sur la narration, sans pour cela être, ce que l’on appelle, des conteurs (de type traditionnel). Nos textes sont ceux que nous collectons au gré de nos projets : autour de jardiniers, avec des habitants d’une ville nouvelle, sur des femmes dans un centre social, ou bien, à la rencontre des ouvriers d’une dynamiterie, etc. Pour nous, le spectateur est un élément central de nos spectacles, le spectacle parle de lui et restitue son vécu.

 

L’Ephémère : Nous travaillons en général par projet, et la création artistique, qui en découle, est l’aboutissement d’un processus d’immersion dans un territoire, une population ou une problématique. Cette démarche implique des rencontres avec les différents acteurs du projet et les habitants à travers de nombreuses actions culturelles. Le spectacle, qui nait de ce projet, devient un objet unique, étant joué, en général, sur une ou deux représentations publiques.

 

Le public : Notre compagnie noue une relation particulière avec le public, d’abord dans la proximité, puisque nous cherchons à le rencontrer (actions culturelles, collectage, performance) mais également parce qu’il est le cœur de nos spectacles. Cette réflexion sur les publics a été fondatrice dans notre travail de compagnie, car avant d’avoir un certain succès médiatique, se pose la question de ceux qui vont assister à des spectacles, surtout à l’heure de la culture de masse (mainstream) et de la culture des médias (télévision, smartphone, internet). Notre travail consiste alors à travailler de manière simultanée, autour d’un sujet et d’un public, nous assurant, dès lors, d’une jauge de public concerné.

 

Pluridisciplinarité : Nos spectacles, bien que construits autour de la narration, se veulent également, des espaces d’expérimentations, où peuvent s’exprimer le langage sous d’autres formes : danse, musique, projection. Ce processus permet de précieuses pauses dans le discours, de créer des espaces poétiques et des respirations dans la construction du spectacle. Les membres de la compagnie sont choisis au gré des projets (conteurs, comédiens, musiciens, bruiteurs, danseurs, techniciens, etc.).

 

Le territoire : La compagnie a très tôt travaillé sur la notion de territoire, à la fois, pour des raisons pratiques (travail au projet, proximité, fidélisation d’un public, financement local) mais également, pour des raisons sociologiques. L’humain est un être social, il est donc défini et relié à des considérations de terroir, d’appartenance à un quartier, à un groupe, etc. Pour définir cette notion de territoire, nous empruntons d’ailleurs, à la sociologie, les deux définitions suivantes : un territoire a des limites et un territoire est habité.

 

L’économie : Les ressources pour nos créations proviennent de la vente de nos projets et des subventions communales, départementales et celles de l’Etat. Nos spectacles, étant éphémères, ils ne rentrent pas dans une économie classique de création de spectacle, suivie de tournée. Notre compagnie réfléchit à l’économie du spectacle vivant en cherchant à inventer de nouveaux modèles.

 

Conclusion : La Compagnie Speira, reste relativement « atypique » et « hors cadre », repensant les codes de la narration et de la représentation. Elle évolue dans une proximité au public se voulant plus sociétale que sociale. Notre démarche demeure, dès lors, très adaptable, élastique, se questionnant, sans cesse, sur le rôle et les buts de la culture.